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Page:Anatole France - L’Église et la République.djvu/113

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ne suffit pas de poser ici le principe de la solidarité en matière d’impôt. Tout le monde reconnaîtra qu’il n’en est pas d’une église subventionnée comme d’un théâtre subventionné. Les millions des Cultes ne sont pas seulement une question de budget. C’est une affaire qui intéressera liberté de conscience.

Faisant de la religion un service public, vous lui assurez la faveur de l’administration et le respect des administrés. Bien plus. Vous reconnaissez l’autorité du Pape par le seul fait que vous négociez avec lui. Vous la reconnaissez au spirituel comme au temporel. Et M. l’évêque Bardel a pu vous dire : L’État, en traitant avec l’Église, « reconnaît, de ce fait, son existence, son action, ses droits et jusqu’au caractère surnaturel de son origine et de sa fin ».

Et qu’après cela l’État reconnaisse encore l’existence et le caractère surnaturel de deux autres religions, c’est son affaire et non celle de Rome. L’absurdité reste à son compte et ne peut être attribuée à l’Église catholique.

Du fait du Concordat, l’État laïque croit et professe la religion catholique, apostolique et romaine.

Est-ce là se conformer au droit public d’une démocratie qui ne reconnaît pas de domination confessionnelle ?[1] Raisons puissantes de dénoncer le Concordat.

Que l’État soit en droit de le faire, ce n’est point douteux. La dénonciation unilatérale d’un traité est

  1. F. de Pressensé, loc. cit., p. 8.