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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/103

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Je rassurai ma bonne mère du mieux qu’il me fut possible, et lui représentai que M. d’Astarac me faisait travailler dans le grec, qui est la langue de l’Évangile. Cette idée lui fut agréable. Pourtant elle demeura soucieuse.

— Tu ne devinerais jamais, mon Jacquot, me dit-elle, qui m’a parlé de M. d’Astarac. C’est Cadette Saint-Avit, la servante de M. le curé de Saint-Benoît. Elle est de Gascogne, et native d’un lieu nommé Laroque-Timbaut, tout proche Sainte-Eulalie, dont M. d’Astarac est seigneur. Tu sais que Cadette Saint-Avit est ancienne, comme il convient à la servante d’un curé. Elle a connu dans sa jeunesse, au pays, les trois messieurs d’Astarac, dont l’un, qui commandait un navire, s’est noyé depuis dans la mer. C’était le plus jeune. Le cadet, étant colonel d’un régiment, s’en alla en guerre et y fut tué. L’aîné, Hercule d’Astarac, est seul survivant des trois. C’est donc celui à qui tu appartiens, pour ton bien, mon Jacques, du moins je l’espère. Il était, durant sa jeunesse, magnifique en ses habits, libéral dans ses mœurs, mais d’humeur sombre. Il se tint éloigné des emplois publics et ne se montra point jaloux d’entrer au service du Roi, comme