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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/104

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avaient fait messieurs ses frères, qui y trouvèrent une fin honorable. Il avait coutume de dire qu’il n’y avait pas de gloire à porter une épée au côté, qu’il ne savait point de métier plus ignoble que le noble métier des armes et qu’un rebouteux de village était, à son avis, bien au-dessus d’un brigadier ou d’un maréchal de France. Tels étaient ses propos. J’avoue qu’ils ne me semblèrent ni mauvais ni malicieux, mais plutôt hardis et bizarres. Pourtant il faut bien qu’ils soient condamnables en quelque chose, puisque Cadette Saint-Avit disait que M. le curé les reprenait comme contraires à l’ordre établi par Dieu dans ce monde et opposés aux endroits de la Bible où Dieu est nommé d’un nom qui veut dire maréchal de camp. Et ce serait un grand péché. Ce M. Hercule avait tant d’éloignement pour la cour, qu’il refusa de faire le voyage de Versailles pour être présenté à Sa Majesté, selon les droits de sa naissance. Il disait : « Le roi ne vient point chez moi, je ne vais pas chez lui. » Et il tombe sous le sens, mon Jacquot, que ce n’est pas là un discours naturel.

Ma bonne mère m’interrogea du regard avec inquiétude et poursuivit de la sorte :

— Ce qu’il me reste à t’apprendre, mon