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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/116

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— J’ai ouï dire, répondit mon bon maître, que ces noms désignaient la pierre philosophale, à ses divers états. Mais je doute qu’il soit possible de transmuter les métaux.

M. d’Astarac répliqua avec beaucoup d’assurance :

— Rien ne me sera plus facile, monsieur, que de mettre fin à votre incertitude.

Il alla ouvrir un vieux bahut boiteux, adossé au mur, y prit une pièce de cuivre à l’effigie du feu roi et nous fit remarquer une tache ronde qui la traversait de part en part.

— C’est, dit-il, l’effet de la pierre qui a changé le cuivre en argent. Mais ce n’est là qu’une bagatelle.

Il retourna au bahut et en tira un saphir de la grosseur d’un œuf, une opale d’une merveilleuse grandeur et une poignée d’émeraudes parfaitement belles.

— Voici, dit-il, quelques-uns de mes ouvrages, qui vous prouvent suffisamment que l’art spagyrique n’est pas le rêve d’un cerveau creux.

Il y avait au fond de la sébile où ces pierres étaient jetées cinq ou six petits diamants, dont M. d’Astarac ne nous parla même point. Mon bon maître lui demanda s’ils étaient aussi