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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/117

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de sa façon. Et l’alchimiste ayant répondu que oui :

— Monsieur, dit l’abbé, je vous conseillerais de montrer ceux-là en premier lieu aux curieux, par prudence. Si vous faites paraître d’abord le saphir, l’opale et le rubis, on vous dira que le diable seul a pu produire de telles pierres, et l’on vous intentera un procès en sorcellerie. Aussi bien le diable seul pourrait vivre à l’aise sur ces fourneaux où l’on respire la flamme. Pour moi, qui y suis depuis un quart d’heure, je me sens déjà à moitié cuit.

M. d’Astarac sourit avec bienveillance et s’exprima de la sorte en nous mettant dehors :

— Bien que sachant à quoi m’en tenir sur la réalité du diable et de l’Autre, je consens volontiers à parler d’eux avec les personnes qui y croient. Le diable et l’Autre, ce sont là, comme on dit, des caractères ; et l’on en peut discourir ainsi que d’Achille et de Thersite. Soyez assurés, messieurs, que, si le diable est tel qu’on le dit, il n’habite pas un élément si subtil que le feu. C’est un grand contresens que de mettre une si vilaine bête dans du soleil. Mais, comme j’avais l’honneur de le dire, monsieur Tournebroche, au capucin de madame votre mère, j’estime que les chrétiens