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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/199

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donna sur la joue un soufflet dont elle fut si étonnée qu’elle lâcha le pot à eau, qui tomba, peu s’en faut, sur la tête de mon bon maître. Puis la belle souffletée disparut et le souffleteur, paraissant à sa place à la fenêtre, se pencha sur la grille et me cria :

— Dieu soit loué, monsieur, vous n’êtes point le capucin ! Je ne puis souffrir que ma maîtresse envoie des baisers à cette bête puante qui rôde sans cesse sous cette fenêtre. Cette fois du moins je n’ai point à rougir de son choix. Vous me semblez honnête homme, et je crois vous avoir déjà vu. Faites-moi l’honneur de monter. Il y a céans un souper préparé. Vous m’obligerez d’y prendre part avec M. l’abbé qui vient de recevoir une potée d’eau sur la tête et qui se secoue comme un chien mouillé. Après souper, nous jouerons aux cartes, et, quand il fera jour, nous irons nous couper la gorge. Mais ce sera civilité pure et seulement pour vous faire honneur, monsieur, car à la vérité cette fille ne vaut pas un coup d’épée. C’est une coquine que je ne veux revoir de ma vie.

Je reconnus en celui qui parlait de la sorte ce monsieur d’Anquetil, que j’avais vu naguère exciter si vivement ses gens à piquer le frère