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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/223

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chemise, dit Catherine, et que je m’enrhume. Mais il suffirait peut-être de cacher M. d’Anquetil dans la chambre haute. Je ferai passer l’abbé pour mon oncle et monsieur Jacques pour mon frère.

— Non pas, dit M. d’Anquetil. Je vais moi-même prier M. de la Guéritaude de venir souper avec nous.

Nous le pressâmes, mon bon maître, Catherine et moi, de n’en rien faire, nous l’en suppliâmes, nous nous suspendîmes à son cou. Ce fut en vain. Il saisit un flambeau et descendit les degrés. Nous le suivîmes en tremblant. Il ouvrit la porte. M. de la Guéritaude s’y trouvait, tel qu’il nous l’avait décrit, avec sa perruque, entre deux laquais armés de torches. M. d’Anquetil le salua avec cérémonie et lui dit :

— Faites-nous la faveur de monter céans, monsieur. Vous y trouverez des personnes aimables et singulières : un Tournebroche à qui mam’selle Catherine envoie des baisers par la fenêtre et un abbé qui croit en Dieu.

Et il s’inclina profondément.

M. de la Guéritaude était une espèce de grand homme sec, peu enclin à goûter la plaisanterie. Celle de M. d’Anquetil l’irrita fort, et sa