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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/224

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colère s’échauffa par la vue de mon bon maître, déboutonné, une bouteille à la main et deux autres dans ses poches, et par l’aspect de Catherine, en chemise humide et collante.

— Jeune homme, dit-il, avec une froide colère, à M. d’Anquetil, j’ai l’honneur de connaître monsieur votre père, avec qui je m’entretiendrai demain de la ville où le Roi vous enverra méditer la honte de vos déportements et de votre impertinence. Ce digne gentilhomme, à qui j’ai prêté de l’argent que je ne lui réclame pas, n’a rien à me refuser. Et notre bien-aimé Prince, qui se trouve précisément dans le même cas que monsieur votre père, a des bontés pour moi. C’est donc une affaire faite. J’en ai conclu, Dieu merci ! de plus difficiles. Quant à cette fille, puisqu’on désespère de la ramener au bien, j’en dirai, avant midi, deux mots à M. le lieutenant de police, que je sais tout disposé à l’envoyer à l’hôpital. Je n’ai pas autre chose à vous dire. Cette maison est à moi, je l’ai payée, et je prétends y entrer.

Puis, se tournant vers ses laquais, et désignant du bout de sa canne mon bon maître et moi :

— Jetez, dit-il, ces deux ivrognes dehors.