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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/230

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— Et Catherine, demandai-je, qu’est-elle devenue dans cette horrible aventure ?

— Je l’ai laissée, me répondit M. d’Anquetil, soufflant dans la bouche de son financier pour le ranimer. Mais elle aura beau souffler, je connais la Guéritaude. Il est sans pitié. Il l’enverra à l’hôpital et peut-être à l’Amérique. J’en suis fâché pour elle. C’était une jolie fille. Je ne l’aimais pas ; mais elle était folle de moi. Et, chose extraordinaire, me voilà sans maîtresse.

— Ne vous en inquiétez pas, dit mon bon maître. Vous en trouverez une autre qui ne sera point différente de celle-là, ou du moins ne le sera pas essentiellement. Et il me semble bien que ce que vous cherchez dans une femme est commun à toutes.

— Il est clair, dit M. d’Anquetil, que nous sommes en danger, moi d’être mis à la Bastille, et vous, l’abbé, d’être pendu avec Tournebroche, votre élève, qui pourtant n’a tué personne.

— Il n’est que trop vrai, répondit mon bon maître. Il faut songer à notre sûreté. Peut-être sera-t-il nécessaire de quitter Paris où l’on ne manquera pas de nous rechercher, et même de fuir en Hollande. Hélas ! je prévois que j’y