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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/276

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monsieur, le recueil de Boccace ; je l’ai assez pratiqué par divertissement, et j’affirme, que si ce Florentin vivait de nos jours en France, il ferait de la disgrâce de Quonian le sujet d’un de ses plus plaisants récits. Quant à moi, je ne l’ai rappelée à cette table que pour faire reluire, par l’effet du contraste, la vertu de madame Léonard Tournebroche qui est l’honneur de la rôtisserie, dont madame Quonian fut l’opprobre. Madame Tournebroche, j’ose l’affirmer, n’a jamais manqué aux vertus médiocres et communes dont l’exercice est recommandé dans le mariage, qui est le seul méprisable des sept sacrements.

— Je n’en disconviens pas, reprit M. d’Astarac. Mais cette dame Tournebroche serait plus estimable encore, si elle avait eu commerce avec un Sylphe, à l’exemple de Sémiramis, d’Olympias et de la mère du grand pape Sylvestre II.

— Ah ! monsieur, dit l’abbé Coignard, vous nous parlez toujours de Sylphes et de Salamandres. De bonne foi, en avez-vous jamais vu ?

— Comme je vous vois, répondit M. d’Astarac, et même de plus près, au moins en ce qui regarde les Salamandres.

— Monsieur, ce n’est point encore assez,