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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/279

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qu’on a pu les nommer des Génies assistants. Loin de nous pousser à notre perte, comme le croient les théologiens qui en font des diables, ils protègent et gardent de tout péril leurs amis terrestres. Je pourrais vous faire connaître des exemples infinis de l’aide qu’ils leur donnent. Mais comme il faut se borner, je m’autoriserai seulement d’un récit que je tiens de madame la maréchale de Grancey elle-même. Elle était sur l’âge et veuve déjà depuis plusieurs années, quand elle reçut, une nuit, dans son lit, la visite d’un Sylphe qui lui dit : « Madame, faites fouiller dans la garde-robe de feu votre époux. Il se trouve dans la poche d’un de ses hauts-de-chausses une lettre qui, si elle était connue, perdrait M. des Roches, mon bon ami et le vôtre. Faites-vous la remettre et ayez soin de la brûler. »

» La maréchale promit de ne point négliger cet avis et elle demanda des nouvelles du défunt maréchal au Sylphe, qui disparut sans lui répondre. À son réveil, elle appela ses femmes et les envoya voir s’il ne restait pas quelques habits du maréchal dans sa garde-robe. Elles répondirent qu’il n’en restait aucun et que les laquais les avaient tous