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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/278

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mon bon maître, que je crois des démons tout ce qui est rapporté d’eux dans les livres saints, et que je rejette comme abus et superstition la croyance aux sortilèges, amulettes et exorcismes. Saint Augustin enseigne que quand l’Écriture nous exhorte à résister aux démons, elle entend que nous devons résister à nos passions et à nos appétits déréglés. Rien n’est plus détestable que toutes ces diableries dont les capucins effrayent les bonnes femmes.

— Je vois, dit M. d’Astarac, que vous vous efforcez de penser en honnête homme. Vous haïssez les superstitions grossières des moines autant que je les déteste moi-même. Mais enfin, vous croyez aux démons, et je n’ai pas eu de peine à vous en tirer l’aveu. Sachez donc qu’ils ne sont autres que les Sylphes et les Salamandres. L’ignorance et la peur les ont défigurés dans les imaginations timides. Mais, en réalité, ils sont beaux et vertueux. Je ne vous mettrai point sur les chemins des Salamandres, n’étant pas assez assuré de la pureté de vos mœurs ; mais rien n’empêche que je vous induise, monsieur l’abbé, à la fréquentation des Sylphes, qui habitent les plaines de l’air et qui s’approchent volontiers des hommes avec un esprit bienveillant et si affectueux,