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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/311

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Jahel aussi cédait au penchant irrésistible qui inclinait les âmes vers mon bon maître. Elle résolut de réparer, autant qu’il était possible, le désordre de sa toilette. Elle mit une de ses robes en pièces pour raccommoder l’habit et les chausses de notre vénérable ami, et lui fit cadeau d’un mouchoir de dentelle pour en faire un rabat. Mon bon maître recevait ces petits présents avec une dignité pleine de grâce. J’eus lieu plusieurs fois de le remarquer : il se montrait galant homme en parlant aux femmes. Il leur témoignait un intérêt qui n’était jamais indiscret, les louait avec la science d’un connaisseur, leur donnant les conseils d’une longue expérience, répandait sur elles l’indulgence infinie d’un cœur prêt à pardonner toutes les faiblesses, et ne négligeait cependant aucune occasion de leur faire entendre de grandes et utiles vérités.

Parvenus le quatrième jour à Montbard, nous nous arrêtâmes sur une hauteur d’où l’on découvrait toute la ville, dans un petit espace, comme si elle était peinte sur toile par un habile ouvrier, soucieux d’en marquer tous les détails.

— Voyez, nous dit mon bon maître, ces murailles, ces tours, ces clochers, ces toits, qui