Aller au contenu

Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec son œil tourné et sa gueuse pâmée. J’ai vu en Italie des soldats qui mouraient le regard fixe et les yeux hors de la tête. Il n’y a pas de règles pour mourir d’une blessure, même dans l’état militaire, où l’exactitude est poussée à ses dernières limites. Mais veuillez, Tournebroche, à défaut d’une personne mieux qualifiée, me présenter à ce gentilhomme noir qui porte des boutons de diamant à son habit et que je devine être M. d’Astarac.

— Ah ! monsieur, répondis-je, tenez la présentation pour faite. Je n’ai de sentiment que pour assister mon bon maître.

— Soit ! dit M. d’Anquetil.

Et, s’approchant de M. d’Astarac :

— Monsieur, dit-il, je vous ai pris votre maîtresse ; je suis prêt à vous en rendre raison.

— Monsieur, répondit M. d’Astarac, je n’ai, grâce au ciel, de liaison avec aucune femme, et je ne sais ce que vous voulez dire.

À ce moment, le postillon revint avec un cheval. Mon bon maître avait un peu repris ses sens. Nous le soulevâmes tous quatre et nous parvînmes à grand’peine à le placer sur le cheval où nous l’attachâmes. Puis nous nous mîmes en marche. Je le soutenais d’un côté ; M. d’Anquetil le soutenait de l’autre. Le