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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/368

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M. le curé était à sa vigne, où je courus.

— La vendange est faite, me dit-il, et plus abondante que je n’espérais ; allons assister ce pauvre homme.

Je le ramenai auprès du lit de mon bon maître, et nous le laissâmes seul avec le mourant.

Il sortit au bout d’une heure et nous dit :

— Je puis vous assurer que M. Jérôme Coignard meurt dans des sentiments admirables de piété et d’humilité. Je vais à sa demande, et en considération de sa ferveur, lui donner le saint viatique. Pendant que je revêts l’aube et l’étole, veuillez, madame Coquebert, m’envoyer dans la sacristie l’enfant qui sert chaque matin ma messe basse, et préparer la chambre pour y recevoir le bon Dieu.

Madame Coquebert balaya la chambre, mit une couverture blanche au lit, posa au chevet une petite table qu’elle couvrit d’une nappe ; elle y plaça deux chandeliers dont elle alluma les chandelles, et une jatte de faïence où trempait dans l’eau bénite une branche de buis.

Bientôt nous entendîmes la sonnette agitée dans le chemin par le desservant, et nous vîmes entrer la croix aux mains d’un enfant,