Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/383

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d’aller trouver la mère de M. d’Anquetil, que nous savions occupée en faveur de son fils, recherché en même temps que toi, pour la même affaire. Car je reconnais, mon Jacquot, que tu as fait le polisson en compagnie d’un gentilhomme, et j’ai le cœur trop bien situé pour ne pas sentir l’honneur qui en rejaillit sur toute la famille. Ta mère demanda donc audience à madame d’Anquetil, en son hôtel du faubourg Saint-Antoine. Elle s’était proprement habillée, comme pour aller à la messe ; et madame d’Anquetil la reçut avec bonté. Ta mère est une sainte femme, Jacquot, mais elle n’a pas beaucoup d’usage, et elle parla d’abord sans à-propos ni convenance. Elle dit : « Madame, à nos âges, il ne nous reste après Dieu, que nos enfants. » Ce n’était pas ce qu’il fallait dire à cette grande dame qui a encore des galants.

— Taisez-vous, Léonard, s’écria ma mère. La conduite de madame d’Anquetil ne vous est point connue et il faut que j’aie assez bien parlé à cette dame, puisqu’elle m’a répondu : « Soyez tranquille, madame Ménétrier ; je m’emploierai pour votre fils, comme pour le mien ; comptez sur mon zèle. » Et vous savez, Léonard, que nous reçûmes, avant qu’il fût