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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/384

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deux mois, l’assurance que notre Jacquot pouvait rentrer à Paris sans être inquiété.

Nous soupâmes de bon appétit. Mon père me demanda si je comptais rester au service de M. d’Astarac. Je répondis qu’après la mort à jamais déplorable de mon bon maître, je ne souhaitais point de me retrouver, avec le cruel Mosaïde, chez un gentilhomme qui ne payait ses domestiques qu’en beaux discours. Mon père m’invita obligeamment à tourner sa broche comme devant.

— Dans ces derniers temps, Jacquot, me dit-il, j’avais donné cet emploi à frère Ange ; mais il s’en acquittait moins bien que Miraut, et même que toi. Ne veux-tu point, mon fils, reprendre ta place sur l’escabeau, au coin de la cheminée ?

Ma mère, qui, toute simple qu’elle était, ne manquait point de jugement, haussa les épaules et me dit :

— M. Blaizot, qui est libraire à l’Image sainte Catherine, a besoin d’un commis. Cet emploi, mon Jacquot, t’ira comme un gant. Tu es de mœurs douces et tu as de bonnes manières. C’est ce qui convient pour vendre des Bibles.

J’allai tout aussitôt m’offrir à M. Blaizot, qui me prit à son service.