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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/75

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Bien que je n’aie pas dessein aujourd’hui de soulever à vos yeux les voiles de la nature et de vous montrer Isis dans son éblouissante nudité, je vous confierai l’objet de mes études, sans craindre que vous en trahissiez le mystère, car je m’assure en votre probité, et, aussi, dans ce pouvoir que j’ai de deviner et de prévenir tout ce qu’on pourrait tenter contre moi, et de disposer, pour ma vengeance, de forces secrètes et terribles. À défaut d’une fidélité dont je ne doute point, ma puissance, messieurs, m’assure de votre silence, et je ne risque rien à me découvrir à vous. Sachez donc que l’homme sortit des mains de Jéhovah avec la science parfaite, qu’il a perdue depuis. Il était très puissant et très sage à sa naissance. C’est ce qu’on voit dans les livres de Moïse. Mais encore faut-il les comprendre. Tout d’abord, il est clair que Jéhovah n’est pas Dieu, mais qu’il est un grand Démon, puisqu’il a créé ce monde. L’idée d’un Dieu à la fois parfait et créateur n’est qu’une rêverie gothique, d’une barbarie digne d’un Welche ou d’un Saxon. On n’admet point, si peu qu’on ait l’esprit poli, qu’un être parfait ajoute quoi que ce soit à sa perfection, fût-ce une noisette. Cela tombe sous le sens. Dieu n’a point d’entendement.