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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/128

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même pensée, que Joseph Lacrisse exprima heureusement en disant :

— Il faut sauver la France !

C’était le temps des grands desseins et des vastes espoirs. Il est vrai qu’on avait perdu le Président Faure et le ministre Méline qui, le premier en frac et en escarpins et faisant la roue, l’autre en redingote villageoise et marchant menu dans ses gros souliers ferrés, menaient la République en terre avec la Justice. Méline avait quitté le pouvoir et Faure avait quitté la vie, au plus beau de la fête. Il est vrai que les obsèques du Président nationaliste n’avaient pas produit tout ce qu’on en attendait et qu’on avait manqué le coup du catafalque. Il est vrai qu’après avoir défoncé le chapeau du Président Loubet, ces messieurs de l’Œillet blanc et du Bleuet avaient eu les leurs aplatis sous les poings des socialistes. Il est vrai qu’un ministère républicain s’était constitué et avait trouvé une majorité.