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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/136

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L’humidité et la fraîcheur de la nuit pénétraient lentement les dîneurs attardés sous les arbres du restaurant. Les lueurs roses, dans lesquelles brillaient les fleurs et les verres, s’éteignaient une à une sur les tables désertées. À la demande de madame de Gromance et de la baronne, Joseph Lacrisse tira une seconde fois de l’étui la lettre du roi et la lut d’une voix étouffée, mais distincte :


Mon cher Joseph,

Je suis très heureux de l’entrain patriotique que nos amis manifestent sous votre impulsion. J’ai vu P. D., qui m’a paru dans d’excellentes dispositions.

À vous cordialement,

philippe.


Après avoir fait cette lecture, Joseph Lacrisse remit le papier dans son portefeuille de maroquin bleu contre sa poitrine, sous l’œillet blanc de sa boutonnière.

M. de Gromance murmura quelques paroles d’approbation.