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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/179

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une seule fois l’univers dans cette chambre tendue de bleu céleste. Elle s’efforça de ramener son ami à de plus douces pensées. Elle lui dit :

— Vous avez de beaux cils.

Et elle lui donna de petits baisers sur les paupières.

Quand elle rouvrit les yeux, languissante, et rappelant dans son âme heureuse l’infini qui l’avait remplie un moment, elle vit Joseph soucieux et qui semblait loin d’elle, bien qu’elle le retînt encore de l’un de ses beaux bras amollis et dénoués. D’une voix tendre comme un soupir, elle lui demanda :

— Qu’est-ce que vous avez, mon ami ? Nous étions si heureux tout à l’heure !

— Certainement, répondit Joseph Lacrisse. Mais je pense que j’ai trois dépêches chiffrées à envoyer avant la nuit. C’est compliqué et c’est dangereux. Nous avons bien cru un moment que Dupuy avait intercepté