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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/180

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nos télégrammes du 22 février. Il y avait dedans de quoi nous faire coffrer tous.

— Et il ne les avait pas interceptés, mon ami ?

— Faut croire que non, puisque nous n’avons pas été inquiétés. Mais j’ai des raisons de penser que, depuis une quinzaine de jours, le gouvernement nous surveille. Et tant que nous n’aurons pas étranglé la gueuse, je ne serai pas tranquille.

Elle, alors, tendre et radieuse, lui jeta autour du cou ses bras, comme une guirlande fleurie et parfumée, fixa sur lui les saphirs humides de ses prunelles et lui dit avec un sourire de sa bouche ardente et fraîche :

— Ne t’inquiète plus, mon ami. Ne te tourmente plus. Vous réussirez, j’en suis sûre. Elle est perdue leur République. Comment veux-tu qu’elle te résiste ? On ne veut plus des parlementaires. On n’en veut plus, je le sais bien. On ne veut plus des francs-