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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/288

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» Jean Coq est vif, Jean Mouton est doux. Mais ils savent trop bien tous deux comment on trempe les énergies nationales pour ne pas s’efforcer, par tous les moyens possibles, d’assurer à leur pays les bienfaits de la guerre civile et de la guerre étrangère.

» Jean Coq et Jean Mouton sont républicains. Jean Coq vote, à chaque élection, pour le candidat impérialiste, et Jean Mouton pour le candidat royaliste ; mais ils sont tous deux républicains plébiscitaires, n’imaginant rien de mieux, pour affermir le gouvernement de leur choix, que de le livrer aux hasards d’un suffrage obscur et tumultueux. En quoi ils se montrent habiles gens. En effet, il vous est profitable, si vous possédez une maison, de la jouer aux dés contre une botte de foin, car, par ce moyen, vous risquez de gagner votre maison, ce dont vous serez bien avancé.

» Jean Coq n’est pas pieux, et Jean Mouton n’est pas clérical bien qu’il ne soit pas libre