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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/299

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le Sénat est aux gages du ministère. Nous avons un gouvernement affreux. Ce n’est pas M. Méline qui aurait fait cet abominable procès. C’était un républicain, M. Méline, mais c’était un honnête homme. S’il était resté ministre, le Roi serait aujourd’hui en France.

— Hélas ! le Roi en est loin, aujourd’hui, dit Henri Léon, qui n’avait jamais eu beaucoup d’illusions.

Joseph Lacrisse secoua la tête. Et il y eut un grand silence.

— C’est peut-être un bien pour vous, reprit Henri Léon.

— Comment ?

— Je dis que, d’une manière, c’est plutôt un avantage pour vous, Lacrisse, que le Roi reste en exil. Et même vous devriez en être enchanté, abstraction faite de vos sentiments patriotiques, naturellement.

— Je ne comprends pas.

— C’est pourtant bien simple. Si vous étiez financier, comme moi, la monarchie