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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/4

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— Le couteau est fraîchement affûté. Monsieur peut bien lever une aile. Ce n’est pas difficile de trouver le joint, quand le poulet est tendre.

— Angélique, veuillez découper cette volaille.

Elle obéit à regret, et alla, un peu confuse, découper le poulet sur un coin du buffet. À l’endroit de la nourriture humaine, elle avait des idées plus exactes mais non moins respectueuses que celles de Riquet.

Cependant M. Bergeret examinait, au dedans de lui-même, les raisons du préjugé qui avait induit cette bonne femme à croire que le droit de manier le couteau à découper appartient au maître seul. Ces raisons, il ne les cherchait pas dans un sentiment gracieux et bienveillant de l’homme se réservant une tâche fatigante et sans attrait. On observe, en effet, que les travaux les plus pénibles et les plus dégoûtants du ménage demeurent attribués aux femmes, dans le