Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/50

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— C’est le cabinet de travail de notre père, dit Zoé.

— Est-ce qu’on ne l’a pas coupé en deux par une cloison ? Je me le figurais plus grand.

— Non, il était comme à présent. Son bureau était là. Et au-dessus il y avait le portrait de M. Victor Leclerc. Pourquoi n’as-tu pas gardé cette gravure, Lucien ?

— Quoi ! cet étroit espace renfermait la foule confuse de ses livres, et contenait des peuples entiers de poètes, de philosophes, d’orateurs, d’historiens. Tout enfant, j’écoutais leur silence, qui remplissait mes oreilles d’un bourdonnement de gloire. Sans doute une telle assemblée reculait les murs. J’avais le souvenir d’une vaste salle.

— C’était très encombré. Il nous défendait de ranger rien dans son cabinet.

— C’est donc là, qu’assis dans son vieux fauteuil rouge, sa chatte Zobéide à ses pieds sur un vieux coussin, il travaillait, notre