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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/123

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l’action d’éclat par laquelle je pourrais exciter l’admiration de Mme Planchonnet. Je songeais à ses jolis yeux bleus, et j’étais vraiment désolé que sa taille ne fût pas aussi jolie que ses yeux.

Le lendemain, je me réveillai par un grand soleil, avec la langue sèche et la peau brûlante. Surtout je souffrais de ne pouvoir me rappeler ce que j’avais dit la veille à Mme Planchonnet, et j’avais tout lieu de croire que c’étaient des sottises.

Ma tante ne me cacha pas qu’elle considérait ma rentrée tardive comme un manque d’égards pour sa maison. Quand je lui révélai fièrement que j’avais fait recevoir ma Clémence Isaure à l’Indépendant, elle se fâcha tout rouge, et m’envoya sur-le-champ retirer le manuscrit, afin de prévenir le malheur d’une insertion dont la seule idée la terrifiait. J’allai donc, la tête basse, redemander mon œuvre à Planchonnet, qui me la rendit d’une âme égale, comme il l’avait prise.

« Qu’est-ce que vous faites ce soir ? me dit-il. Venez donc dîner à la maison. Nous mangerons les restes. »

Je refusai, en considération de ma tante. Quelques jours après, je fis une visite à Mme Plan-