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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/219

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aux fontaines, aux arbres et aux pierres sera anathématisé. »

Valery jugea ce lieu convenable à ses desseins. Il avait obtenu du roi des Francs la permission d’établir sa demeure en tout endroit du royaume où il lui plairait d’habiter. Il bâtit de ses mains une cellule, et il s’y consacra à la prière et à la contemplation. Quelques disciples vinrent près de lui pour vivre de sa vie et se nourrir de ses pieux exemples. Ils construisirent leur cellule près de la sienne, à l’extrémité de la forêt, sur le bord d’un précipice dont le pied baignait dans la mer. L’évêque Berchund venait, dit-on, passer chaque année le saint temps du carême dans cette solitude.

Valery, autant qu’on peut ressaisir les traits de son âme sous le pinceau timide et maladroit de ses pieux historiens, était à la fois plein de force et de douceur. On rapporte de lui des traits de bonté qui sont rares dans la vie des rudes apôtres de l’Occident barbare. On dit que, comme plus tard saint François d’Assise, il répandait jusque sur les pauvres animaux la pitié qui remplissait son cœur. Les petits oiseaux venaient manger dans sa main.

« Mes enfants, disait-il à ses compagnons, ne