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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/218

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fées, des dames merveilleuses ; ils les adoraient et leur apportaient en tremblant des guirlandes de fleurs. Ils croyaient bien faire en les aimant, puisqu’elles étaient belles.

Sans doute, la source qui descendait le coteau feuillu où le pieux Valery s’arrêta était une des sources sacrées auxquelles ces hommes faisaient des offrandes. Elle coule encore au pied de la chapelle, du côté de la baie. Comme aux anciens jours, l’eau en est fraîche et toute claire. Mais, maintenant elle ne chante plus. Elle n’est plus libre comme au temps de sa rustique divinité. On l’a emprisonnée dans une cuve de pierre à laquelle on accède par plusieurs degrés. Du temps de saint Valery, c’était une nymphe. Nulle main n’avait osé la retenir, elle fuyait sous les saules. Semblable à ces ruisseaux qu’on voit encore en grand nombre dans les vallées du pays, elle formait, de distance en distance, de petits lacs où sommeillait, sur un lit flottant de feuilles vertes, la pâle fleur du nénuphar. C’est là, c’est dans ces fontaines des bois que se réfugièrent les dernières nymphes chassées par les évêques. Ces agrestes déesses étaient poursuivies sans pitié. Un article des ordonnances du roi Childebert porte que : « Celui qui sacrifie