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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/263

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vois bien qu’autrefois visitée par les rois, elle n’attire plus, même en ses grandes féeries, que quelques bonnes dames de Reims, de Laon et Saint-Quentin.

Elle eut ses beaux jours. Tout passe ; la Notre-Dame de Lourdes passera comme elle. C’est une réflexion propre à consoler la Notre-Dame de Liesse de son irrémédiable déclin. La poussière, une lente poussière, recouvre les petites boutiques voisines de l’église où s’étalent, sous des vitres ternes, des médailles, des images, des chapelets et des scapulaires. Au XVe siècle, on vendait sous l’auvent de ces maisonnettes de belles médailles de plomb ou d’étain à bordure ajourée, que les bonnes gens cousaient à leur chapeau clabaud. Louis XI faisait comme eux, et parmi les médailles qu’il portait à son bonnet, soyez sûr qu’il se trouvait celle de Notre-Dame-de-Liesse, à qui le pieux roi avait une dévotion singulière.

Ce qu’il y a aujourd’hui de plus étrange dans ces boutiques, ce sont des bouteilles fermées au chalumeau où flottent dans de l’eau, suspendues à des boules creuses par un fil de verre, les attributs de la Passion : la croix, les clous, l’éponge de fiel, la lance, le sceptre de