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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/271

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tins, était au pouvoir du calife d’Égypte, qui y envoyait quatre fois l’an, par terre ou par mer, des armes, des vivres et des troupes fraîches. La population de cette ville était nombreuse et toute guerrière. Chaque enfant mâle recevait dès sa naissance, sur le trésor du calife, la paye d’un soldat en campagne. La garnison, composée de soldats très farouches, faisait des sorties fréquentes.

Un jour, les trois fils de Mme d’Eppes, tandis qu’ils chevauchaient à quelque distance du château de Bersabée, furent surpris par une troupe de cavaliers sarrasins, et, malgré leur résistance opiniâtre, ils furent pris et conduits au Caire.

Le calife s’y trouvait alors. Ayant appris que les trois prisonniers chrétiens étaient d’une extraordinaire beauté, il fut curieux de les voir et il les fit amener dans le jardin où il prenait le frais, sous des buissons de roses, au murmure des fontaines. Les fils de Mme d’Eppes passaient de toute la tête les turbans de leurs gardiens ; leurs épaules étaient très larges, et le calife reconnut qu’on lui avait fait un rapport fidèle. Voulant s’assurer s’ils avaient autant d’esprit que de beauté, il leur posa plusieurs questions auxquelles ils répondirent avec une sagesse et