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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/272

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une modestie dont il fut charmé. Mais il n’en laissa rien paraître ; il affecta au contraire de renvoyer les prisonniers avec dédain et il ordonna qu’ils fussent enchaînés dans un cachot obscur.

Son dessein était de les réduire, par de mauvais traitements, à abjurer la religion du Christ et à embrasser le culte de l’idole Mahom, auquel il était attaché comme sont tous les Sarrasins. C’est pourquoi il fit enchaîner les trois chevaliers dans un cachot sur lequel passait le fleuve Nil.

Puis il leur fit dire par un de ses vizirs qu’il leur donnerait un palais avec des jardins, des armes précieuses, un cheval syrien tout sellé et des esclaves très belles, jouant de la guitare, s’ils consentaient à adorer l’idole Mahom.

Certains des voyageurs, qui ont été interrogés, affirment que les mécréants Sarrasins n’élèvent point de figures à la ressemblance de Mahom. S’ils disent vrai, il faut entendre que le calife fit des promesses aux chevaliers à condition d’obéir à la loi de Mahom, et cela ne change rien à la vérité du récit.

Quand le vizir eut dit ce que le calife offrait, et à quelles conditions, le chevalier d’Eppes