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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/327

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rité que de celle de Jeanne d’Arc, du maréchal de Salon et de Martin de Gallardon. Mais il est probable qu’il fut aidé dans son entreprise par des gens habiles et avisés. Je n’ai pas eu le loisir d’étudier son histoire d’après les textes originaux, et je ne la connais que par des hagiographes modernes, dont la manière édifiante et béate exclut toute critique. Mais il me semble bien voir que le pauvre homme était conduit à son insu par M. de Kerlogen. Ce seigneur avait déjà donné le terrain sur lequel devait s’élever la chapelle. On devine l’intérêt qui poussait alors les catholiques bretons à susciter des voyants et à faire éclater des prodiges. Les progrès de la réforme les avaient effrayés et leurs craintes étaient vives encore. On était en 1625. En ce moment même, Soubise, qui avait reçu de l’armée calviniste de la Rochelle le commandement du Poitou, de la Bretagne et de l’Anjou, reprenait les armes et capturait une escadre royale à l’embouchure du Blavet. Il fallait ranimer la vieille foi, frapper un grand coup. Les visions du bon Nicolazic avaient éclaté à propos. On en profita.

Nous disions tout à l’heure que les voyants qui reçoivent mission d’un ange ou d’un saint