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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/139

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je les traite avec mépris, ne croyez pas, mes amis, que ce soit parce qu’ils sont faibles et pauvres, parce que Sosthène sent le poisson salé et parce que Paul s’est usé les doigts et l’esprit à tisser des tapis et des toiles de tente. Non ! Philémon et Baucis étaient pauvres et ils étaient dignes des plus grands honneurs. Les dieux ne refusèrent point de s’asseoir à leur table frugale. La sagesse élève un esclave au-dessus de son maître. Que dis-je ? un esclave vertueux est supérieur aux dieux. S’il les égale en sagesse, il les surpasse par la beauté de l’effort. Ces Juifs ne sont méprisables que parce qu’ils sont grossiers et que nulle image de la divinité ne brille en eux.

À ces mots, Marcus Lollius sourit :

— Les dieux, en effet, dit-il, ne visitent guère les Syriens qui vivent dans les ports parmi les marchands de fruits et les prostituées.

— Les Barbares eux-mêmes, reprit le pro-