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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/138

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Juifs du port sont très ignares et, comme la plupart des ignorants, n’ayant pas la faculté de soutenir par des raisons la vérité de ce qu’ils croient, ils ne savent disputer qu’à coups de pied et à coups de poing.

» Les amis de ce petit Juif difforme et chassieux, nommé Paul, semblent particulièrement habiles à cette sorte de controverse. Dieux bons ! comme ils prenaient avantage sur le chef de la synagogue en l’accablant d’une grêle de coups et en l’écrasant sous leurs talons ! D’ailleurs, je ne doute pas que les amis de Sosthène, s’ils avaient été les plus forts, n’eussent traité Paul comme les amis de Paul ont traité Sosthène.

Méla félicita le proconsul.

— Tu fis bien, ô mon frère, de renvoyer dos à dos ces misérables plaideurs.

— Pouvais-je agir autrement ? répliqua Gallion. Comment aurais-je jugé entre ce Sosthène et ce Paul qui sont aussi stupides et aussi extravagants l’un que l’autre ?… Si