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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/141

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des prêtres de sa nation, qu’il répudie la religion des Juifs et qu’il adore Orphée sous un nom étranger, que je n’ai pas retenu. Ce qui me le fait supposer, c’est qu’il parle avec respect d’un dieu, ou plutôt d’un héros qui serait descendu dans les enfers et remonté au jour après avoir erré parmi les pâles ombres des morts. Peut-être a-t-il voué un culte à Mercure souterrain. Mais je croirais plus volontiers qu’il adore Adonis, car il m’a semblé entendre qu’à l’exemple des femmes de Biblos, il plaignait les souffrances et la mort d’un dieu.

» Ces dieux adolescents, qui meurent et ressuscitent, abondent sur la terre d’Asie. Les courtisanes syriennes en ont apporté plusieurs à Rome et ces célestes adolescents plaisent plus qu’il ne conviendrait aux femmes honnêtes. Nos matrones ne rougissent pas de célébrer en secret leurs mystères. Ma Julie, si prudente et si réservée, m’a plusieurs fois demandé ce qu’il fallait en croire. « Quel