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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/170

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vident, cher ami, répondit Nicole Langelier, que Gallion, s’il avait su s’y prendre, aurait obtenu de saint Paul le secret de l’avenir. C’est peut-être, en effet, la première opinion qui vient à l’esprit et c’est aussi celle que beaucoup ont gardée. Renan, après avoir rapporté, d’après les Actes, cette singulière entrevue de Gallion et de saint Paul, n’est pas éloigné de voir la marque d’un esprit étroit et léger dans ce dédain que le proconsul éprouva pour le Juif de Tarse qui comparaissait à son tribunal. Il en prend occasion pour déplorer la mauvaise philosophie des Romains. « Que les gens d’esprit, s’écrie-t-il, ont parfois peu de prévoyance ! Il s’est trouvé plus tard que la querelle de ces sectaires abjects était la grande affaire du siècle. » Renan semble croire que le proconsul d’Achaïe n’avait qu’à écouter ce tapissier pour être aussitôt averti de la révolution spirituelle qui se préparait dans l’univers et pénétrer le secret de l’humanité