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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/174

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En rapportant ses discours, je ne l’ai ni trahi ni flatté. Je l’ai montré sérieux et médiocre, assez bon disciple de Cicéron. Vous avez entendu qu’il conciliait, au moyen des plus pauvres raisonnements, la doctrine stoïcienne avec la religion nationale. On sent que lorsqu’il spécule sur la nature des dieux, il a le souci de rester bon citoyen et honnête fonctionnaire. Mais enfin il pense, il raisonne. L’idée qu’il se fait des forces qui régissent l’univers est, dans son principe, rationnelle et scientifique et, en cela, conforme à celle que nous nous en formons nous-mêmes. Il raisonne moins bien que son ami, le grec Apollodore. Il ne raisonne pas plus mal que les professeurs de notre Université, qui enseignent la philosophie indépendante et le spiritualisme chrétien. Par la liberté de l’esprit, par la fermeté de l’intelligence, il semble notre contemporain. Sa pensée se tourne naturellement dans la direction que l’esprit humain suit à cette