Aller au contenu

Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

heure. Ne disons donc pas qu’il méconnaissait l’avenir intellectuel de l’humanité.

Quant à saint Paul, il annonçait l’avenir, personne n’en doute. Pourtant il s’attendait à voir de ses yeux le monde finir, et toutes les choses existantes abîmées dans les flammes. Cette conflagration de l’univers que Gallion et les stoïciens prévoyaient dans un avenir si lointain, qu’ils n’en annonçaient pas moins l’éternité de l’Empire, Paul la croyait toute proche et se préparait à ce grand jour. En cela il se trompait et cette erreur est plus grosse à elle seule, vous en conviendrez, que toutes les erreurs réunies de Gallion et de ses amis. Ce qui est plus grave encore, c’est que Paul n’appuyait cette extraordinaire croyance sur aucune observation, sur aucun raisonnement. Il ignorait et méprisait la science. Il se livrait aux plus basses pratiques de la thaumaturgie et de la glossolalie, il n’avait de culture d’aucune sorte.