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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/178

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la rudesse primitive de son christianisme. C’est vrai. Mais songez que c’était un sémite, étranger à la pensée latine, au génie des Germains et des Saxons, étranger aux races dont sortirent ces théologiens, qui, à force de faux sens, de contresens et de non-sens, ont trouvé un sens à ses épîtres falsifiées. Vous le concevez dans un monde qui n’était pas le sien, qui ne peut en aucun cas devenir le sien, et cette imagination absurde fait naître tout à coup une multitude d’images incongrues. On voit, par exemple, ce tapissier nomade dans le carrosse d’un cardinal et l’on s’amuse de la figure que feront deux êtres humains d’un caractère aussi opposé. Si vous ressuscitez saint Paul, ayez le bon goût de le replacer dans sa race et dans son pays, chez les sémites d’Orient, qui n’ont pas beaucoup changé depuis vingt siècles et pour qui la Bible et le Talmud contiennent toute la science humaine. Plantez-le parmi les Juifs de Damas ou de