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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/184

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d’impiétés populaires les religions syriennes, Gallion manqua de clairvoyance.

— Et comment les Juifs hellénisants eussent-ils instruit les Romains de ce qu’ils ignoraient eux-mêmes ? demanda Langelier. Comment un Philon si honnête, si savant mais si borné, leur eût-il révélé la pensée obscure, confuse et féconde d’Israël qu’il ne connaissait pas lui-même ? Qu’aurait-il appris à Gallion touchant la foi des Juifs, sinon des niaiseries littéraires ? Il lui aurait exposé que la doctrine de Moïse est conforme à la philosophie de Platon. Alors comme toujours, les hommes cultivés n’avaient aucune idée de ce qui se passait dans l’esprit des multitudes. C’est toujours à l’insu des lettrés que les foules ignorantes créent des dieux.

Un des faits les plus étranges et les plus considérables de l’histoire, c’est la conquête du monde par le dieu d’une peuplade syrienne, c’est la victoire d’Iaveh