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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/191

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mortifications ; comme eux il méprise les plaisirs charnels et pense se rendre agréable aux dieux en ne s’approchant point des femmes ; enfin il pousse le sentiment chrétien jusqu’à se féliciter d’avoir la barbe sale et les ongles noirs. L’empereur Julien avait, à bien peu de chose près, le même morale que saint Grégoire de Nazianze. Rien à cela que de naturel et d’ordinaire. Les transformations des mœurs et des idées ne sont jamais soudaines. Les plus grands changements de la vie sociale se produisent insensiblement et ne se voient qu’à distance. Ceux qui les traversent ne les soupçonnent pas. Le christianisme ne s’établit que lorsque l’état des mœurs s’accommoda de lui et que lui-même s’accommoda de l’étât des mœurs. Il ne put se substituer au paganisme qu’au moment où le paganisme vint à lui ressembler et où il vint à ressembler au paganisme.

— Mettons, dit Joséphin Leclerc, que ni