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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/190

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beaucoup contribué eux-mêmes à rendre acceptable l’austère monothéisme des judéo-chrétiens. Il y avait loin sans doute de la fierté stoïque à l’humilité chrétienne, mais la morale de Sénèque, par sa tristesse et son mépris de la nature, préparait la morale évangélique. Les stoïciens étaient brouillés avec la vie et la beauté ; cette rupture, que l’on attribua au christianisme, fut commencée par les philosophes. Deux siècles plus tard, à l’époque de Constantin, les païens et les chrétiens auront, autant dire, une même morale, une même philosophie. L’empereur Julien, qui rétablit la vieille religion de l’Empire abolie par Constantin l’Apostat, passe avec raison pour un adversaire du Galiléen. Et, quand on lit les petits traités de Julien, on est frappé de la quantité d’idées que cet ennemi des chrétiens possède en commun avec eux. Comme eux il est monothéiste ; comme eux il croit aux mérites de l’abstinence, du jeûne et des