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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/201

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connais que H.-G. Wells qui, voyageant dans les âges futurs, ait découvert à l’humanité une fin qu’il ne lui souhaitait pas, selon toute apparence ; car c’est une dure solution des questions sociales, que l’établissement d’un prolétariat anthropophage et d’une aristocratie comestible. Et tel est le sort que H.-G. Wells assigne à nos derniers neveux. Tous les autres prophètes dont j’ai connaissance se bornent à confier aux siècles futurs la réalisation de leurs rêves. Ils ne nous découvrent pas l’avenir, ils le conjurent.

La vérité est que les hommes ne regardent pas si loin devant eux sans effroi. Beaucoup estiment qu’une telle investigation n’est pas seulement inutile, qu’elle est mauvaise ; et ceux qui croient le plus facilement qu’on découvre les choses futures sont ceux qui craindraient le plus de les découvrir. Il y a sans doute à cette crainte des raisons profondes. Toutes les morales, toutes les religions apportent une révélation de la destinée