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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/247

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plisse son front sourcilleux. Il a pour les drapeaux et les canons l’inclination qui convient à un ancien ministre des Affaires étrangères. Dans sa lettre, il dénonce comme un danger national les idées pacifiques répandues par les socialistes. Il y découvre des renoncements qu’il ne peut souffrir. Ce n’est point qu’il soit belliqueux. C’est aussi la paix qu’il veut, mais une paix pompeuse, magnifique, étincelante et fière comme la guerre. Entre monsieur Ribot et Jaurès, il n’est plus question que de la manière. Ils sont tous deux pacifiques. Jaurès l’est simplement, monsieur Ribot l’est superbement. Voilà tout. Mieux encore et plus sûrement que la démocratie socialiste qui se contente de la paix en blouse ou en paletot, le sentiment des bourgeois qui réclament une paix ornée d’insignes militaires et toute chargée des simulacres de la gloire, atteste l’irrémédiable déclin des idées de revanche et de conquêtes, puisqu’on y saisit l’instinct