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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/248

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militaire au moment où il se dénature et devient pacifique.

La France acquiert peu à peu le sentiment de sa vraie force qui est la force intellectuelle ; elle prend conscience de sa mission qui est de semer les idées et d’exercer l’empire de la pensée. Elle s’apercevra bientôt que sa seule puissance solide et durable fut dans ses orateurs, ses philosophes, ses écrivains et ses savants. Aussi bien, faudra-t-il qu’elle reconnaisse un jour que la force du nombre, après l’avoir tant de fois trahie, lui échappe définitivement et qu’il est temps pour elle de se résigner à la gloire que lui assurent l’exercice de l’esprit et l’usage de la raison.

Jean Boilly secoua la tête :

— Vous voulez, dit-il, que la France enseigne aux nations la concorde et la paix. Êtes-vous sûr qu’elle sera écoutée et suivie ? Sa tranquillité même lui est-elle assurée ? N’a-t-elle pas à craindre les menaces du