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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/257

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Sirius, quand nous savons quelle fâcheuse affaire c’est que d’ouvrir les yeux sur la terre à la clarté de notre vieux soleil. Ce n’est pas que je trouve mon sort mauvais, comparé au sort des autres hommes. Je n’ai ni femme ni enfant. Je n’ai ni amour ni maladie. Je ne suis pas très riche, je ne vais pas dans le monde. Je suis donc parmi les heureux. Mais les heureux ont peu de joie. Quel est donc le sort des autres ! Les hommes sont vraiment à plaindre. Je n’en fais pas de reproches à la nature : on ne peut pas causer avec elle ; elle n’est pas intelligente. Je ne m’en prendrai pas non plus à la société. Il n’y a pas de bon sens à opposer la société à la nature. Il est aussi absurde d’opposer la nature des hommes à la société des hommes que d’opposer la nature des fourmis à la société des fourmis, la nature des harengs à la société des harengs. Les sociétés animales résultent nécessairement de la nature animale. La terre est la planè