Aller au contenu

Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vie est belle. Car sans cette beauté, comment verrions-nous ses laideurs et comment croire que la nature est mauvaise sans croire en même temps qu’elle est bonne ?

Depuis quelques instants, les phrases d’une sonate de Mozart suspendent dans l’air leurs colonnes blanches et leurs guirlandes de roses. J’ai pour voisin un pianiste qui joue la nuit du Mozart et du Gluck. Je referme ma fenêtre et tout en faisant ma toilette je réfléchis aux incertains plaisirs que je pourrai me donner demain ; et tout à coup je songe que je suis invité, depuis une semaine déjà, à déjeuner au Bois ; je crois vaguement me rappeler que c’est pour le jour qui vient. Afin de m’en assurer, je cherche la lettre d’invitation qui est restée ouverte sur ma table. La voici :

16 septembre 1903.
« Mon vieux Dufresne,
Fais-moi le plaisir de venir déjeuner