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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/261

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le gouvernement leur donne toujours raison.— Je te parie qu’Êpingle-d’Or battra Ranavalo. — Moi, ce qui me passe, c’est qu’il ne se trouve pas un général pour balayer toute cette fripouille.— Qu’est-ce que vous voulez ? La France est vendue par les Juifs à l’Angleterre et à l’Allemagne. » Voilà ce que j’entendrai demain ! Voilà les idées politiques et sociales de mes amis, les arrière-petits-fils de ces bourgeois de Juillet, princes de l’usine et de la forge, rois de la mine, qui surent maîtriser et asservir les forces de la Révolution. Mes amis ne me paraissent pas capables de conserver longtemps l’empire industriel et la puissance politique que leur ont laissés leurs aïeux. Ils ne sont pas très intelligents, mes amis. Ils n’ont pas beaucoup travaillé de la tête. Moi non plus. Jusqu’ici je n’ai pas fait grand’chose dans la vie. Je suis comme eux un oisif et un ignorant. Je ne me sens capable de rien et si je n’ai pas leur vanité, si ma cervelle