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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/264

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gardé l’usage de mon esprit, tant le spectacle que j’avais sous les yeux était différent de ce qu’il devait être. Tout ce qui m’entourait m’était nouveau, inconnu, étranger. Les arbres, les pelouses que je voyais tous les jours, avaient disparu. Où, la veille, s’élevaient les hautes bâtisses grises de l’avenue, maintenant s’étendait une ligne capricieuse de maisonnettes de brique, entourées de jardins. Je n’osai me retourner pour voir si ma maison existait encore et j’allai droit vers la porte Dauphine. Je ne la trouvai plus. A cet endroit le Bois était changé en village. Je pris une rue qui était, à ce qu’il me parut, l’ancienne route de Suresnes. Les maisons qui la bordaient, d’un style étrange et d’une forme nouvelle, trop petites pour être habitées par des gens riches, étaient pourtant ornées de peintures, de sculptures et de faïences éclatantes. Elles étaient surmontées d’une terrasse couverte. Je suivais cette voie agreste dont les courbes